
Dans un contexte d’urgence climatique mondiale, les appels à réduire massivement nos émissions de gaz à effet de serre se multiplient. Pour atteindre la neutralité carbone, les entreprises, les États et les citoyens doivent s’engager activement. Parmi les outils disponibles, les crédits carbone suscitent à la fois espoir et controverse. Longtemps perçus comme une solution facile, ils évoluent aujourd’hui vers une logique plus rigoureuse, transparente et contributive.
Dans cet article, nous explorons l’avenir des crédits carbone : comment évoluent-ils ? Peuvent-ils encore jouer un rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Et comment les entreprises peuvent-elles s’en emparer de manière crédible et stratégique ?
Un crédit carbone représente une tonne de CO₂ équivalent qui a été évitée ou séquestrée grâce à un projet spécifique. Ces projets peuvent concerner des domaines variés : reforestation, énergies renouvelables, agriculture régénérative, captage de méthane, etc. Il existe deux grands types de marchés :
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Le marché volontaire a fait l’objet de nombreuses critiques : greenwashing, promesses non tenues, manque de rigueur dans le suivi des projets. Mais les lignes bougent. De nouvelles initiatives comme l’ICVCM (Integrity Council for the Voluntary Carbon Market) ou la VCMI visent à renforcer la crédibilité du marché. Les standards historiques comme Verra ou Gold Standard montent également en exigence. L’avenir du crédit carbone passe par plus de transparence, de robustesse méthodologique et de traçabilité.
Aucun expert sérieux ne considère les crédits carbone comme une solution suffisante. La priorité absolue reste de réduire les émissions à la source, notamment dans les scopes 1, 2 et 3 des entreprises. Le recours aux crédits carbone doit venir en complément, pour financer des actions vertueuses, et non pour compenser l’inaction.
Malgré leurs limites, les crédits carbone ont un rôle essentiel : ils permettent de canaliser des financements vers des projets climatiques concrets. Par exemple, des pratiques agricoles bas-carbone (comme celles portées par SysFarm) peuvent séquestrer du carbone tout en régénérant les sols. Le marché carbone devient alors un levier de transition, et non un simple outil comptable.
L’Union européenne étend progressivement les mécanismes carbone à de nouveaux secteurs, via le CBAM (mécanisme d’ajustement carbone aux frontières) ou l’extension du Système d’Échange de Quotas d’Émission (SEQE). À terme, la frontière entre marché volontaire et marché réglementaire pourrait s’estomper. Les entreprises doivent s’y préparer dès maintenant.
On observe une évolution importante : plutôt que de promettre une neutralité carbone immédiate, les entreprises sont encouragées à contribuer à des actions climatiques globales. C’est le virage pris par la SBTi et par les nouvelles recommandations VCMI : on ne « compense » plus, on participe activement à la transition.
Le scope 3 – les émissions indirectes liées à la chaîne de valeur – est le plus difficile à piloter. De plus en plus d’entreprises développent des crédits carbone dits d’insetting, c’est-à-dire intégrés à leur propre chaîne d’approvisionnement (notamment dans l’agroalimentaire, la cosmétique ou la mode). Cela permet de lier transition climatique, résilience filière et impact local.
Les crédits issus de solutions fondées sur la nature (NBS) – agriculture, forêts, zones humides – sont particulièrement demandés. Mais ils doivent prouver leur efficacité. L’avenir dépendra de la qualité des protocoles de mesure, de vérification et de suivi (MRV), ainsi que de la capacité à générer des co-bénéfices en matière de biodiversité, eau ou santé des sols.
La digitalisation du marché carbone se généralise : plateformes d’échange, systèmes de suivi automatisés, usage de la blockchain pour assurer l’unicité et la transparence des crédits. Si cela peut renforcer la confiance, attention aux dérives spéculatives. L’enjeu est de mettre la technologie au service de l’intégrité, pas de la complexité.
Fini le temps où les entreprises pouvaient cocher une case climat en achetant un crédit standardisé à l’autre bout du monde. Aujourd’hui, il s’agit de s’engager durablement dans des projets cohérents avec son activité, son territoire et ses parties prenantes. Cela signifie parfois co-construire un projet agricole, financer de l’équipement bas-carbone, ou contractualiser avec des agriculteurs partenaires.
Avec la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), les entreprises doivent désormais reporter précisément leurs impacts carbone – y compris sur le scope 3. Les contributions climatiques bien structurées peuvent venir renforcer la stratégie RSE, en y intégrant des indicateurs de transformation réelle et non de simple compensation.
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Le futur du crédit carbone sera déterminé par sa capacité à créer de la valeur climatique réelle. Cela implique :
Les entreprises, les porteurs de projets et les acteurs publics ont tout intérêt à co-construire un cadre de confiance, pour faire du crédit carbone un véritable outil de transition, et non un levier d’inaction.
Les crédits carbone ne sont ni une baguette magique, ni une fausse bonne idée. Ils sont en train d’évoluer vers un modèle plus contributif, exigeant et local, qui permet de soutenir des projets de transition concrets.
👉 Les entreprises peuvent y voir une opportunité stratégique pour aligner leur activité avec les limites planétaires, tout en finançant des impacts positifs.
Chez SysFarm, nous accompagnons les entreprises dans la mise en place de projets agricoles bas-carbone à fort impact, traçables, alignés avec les référentiels les plus exigeants (Label Bas-Carbone, SBTi, ICVCM…).
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