Comment réussir sa démarche SBTi en intégrant une compensation carbone locale

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Publié par
Etienne Duclos
le
21/10/2025

Comment réussir sa démarche SBTi en intégrant une compensation carbone locale

De plus en plus d'entreprises s'engagent dans une démarche SBTi pour aligner leur stratégie climat avec les objectifs de l’Accord de Paris. Mais une question clé persiste : peut-on intégrer de la compensation carbone dans cette trajectoire, et si oui, comment le faire de manière sérieuse et crédible ?

Cet article vous guide pas à pas pour éviter les écueils du greenwashing et réussir une stratégie climat robuste, en intégrant la compensation locale dans un cadre rigoureux et impactant.

Pourquoi la compensation carbone ne peut pas remplacer la réduction des émissions

Comprendre la hiérarchie “éviter > réduire > compenser”

Avant de compenser, il faut d’abord réduire. C’est le cœur du message porté par la SBTi : chaque entreprise doit structurer sa démarche autour d’un plan d’action clair qui priorise l’évitement (ex. sobriété énergétique), la réduction (ex. efficacité, énergies renouvelables) et en dernier recours, la compensation des émissions résiduelles.

Les exigences SBTi : pas de net zero sans réduction réelle

Le standard SBTi pour le Net Zero est sans ambiguïté : au moins 90 % des émissions doivent être réellement réduites à horizon 2050. La compensation carbone ne peut concerner que les émissions « résiduelles incompressibles ». Il s’agit donc d’un complément, pas d’un substitut.

Les limites d’une approche centrée uniquement sur la compensation

  • Risque de greenwashing : compenser sans plan de réduction crédible expose à des critiques.

  • Perte de crédibilité auprès des investisseurs et du public : la communication ne peut pas précéder l’action.

Intégrer la compensation dans un plan global de décarbonation

La compensation ne doit pas être une solution de dernière minute, bricolée une fois les actions de réduction achevées. Au contraire, elle doit être pensée dès la conception du plan climat, comme une composante structurelle d’une trajectoire de décarbonation ambitieuse, en cohérence avec les standards comme la SBTi.

Pourquoi ? Pour plusieurs raisons fondamentales :

1. Anticiper les émissions résiduelles incompressibles

Même les entreprises les plus ambitieuses en matière de réduction atteindront un plancher d’émissions incompressibles. Ces émissions (ex : gaz de process industriels, déplacements indispensables, production de chaleur) doivent être identifiées et quantifiées dès le départ, afin d’anticiper le volume à compenser et le budget associé.

2. Aligner les financements avec la stratégie climat globale

Mettre en place un plan de décarbonation, c’est aussi mobiliser des ressources humaines et financières. Si la compensation est repoussée à la fin, elle risque d’être :

  • Mal budgétisée

  • Non alignée avec les autres actions

  • Moins pertinente d’un point de vue stratégique ou territorial

Un plan structuré permet au contraire de coordonner la réduction et la compensation, en soutenant des projets cohérents avec la mission ou les valeurs de l’entreprise.

3. Saisir les opportunités de contribution positive au territoire

Penser la compensation en amont, c’est aussi se donner le temps de sélectionner des projets locaux à fort impact : agricoles, forestiers ou énergétiques. Ces projets peuvent être co-développés avec des partenaires de confiance (comme Sysfarm), intégrant pleinement les objectifs RSE de l’entreprise (création d’emplois, soutien à la transition agricole, ancrage territorial...).

🔍 Exemple : une entreprise du secteur agroalimentaire identifie que ses émissions liées au transport aval seront difficilement évitables. Elle décide dès la première année de son plan climat de soutenir un projet de méthanisation agricole local, en lien avec ses fournisseurs, pour compenser ces émissions à terme et créer une boucle vertueuse dans sa chaîne de valeur.

4. Assurer la cohérence de la communication externe

En intégrant la compensation dès le départ, l’entreprise peut communiquer en toute transparence sur sa trajectoire climat :

  • Quels sont ses engagements de réduction ?

  • Quelles sont les émissions qui seront compensées ?

  • Quels projets sont soutenus, et pour quels impacts ?

Cela renforce la crédibilité de sa stratégie climat, en évitant l’effet “patch carbone” souvent perçu comme opportuniste ou greenwashé.

Choisir un projet local labellisé (ex. Label Bas‑Carbone) pour des impacts tangibles

Pourquoi choisir un projet à côté de chez soi plutôt qu'à l'autre bout du monde ?

1. Créer un impact tangible sur son territoire

Un projet local permet de voir concrètement les effets de sa contribution : des haies plantées dans des champs, des sols régénérés, des agriculteurs accompagnés, des emplois maintenus… Ce sont des externalités positives visibles et mesurables.

À l’inverse, financer un projet à l’étranger, parfois dans un contexte plus opaque, peut soulever des questions de traçabilité, de gouvernance, voire d’appropriation des bénéfices.

2. Renforcer l’ancrage territorial de l’entreprise

Pour une entreprise engagée sur un territoire (usines, sièges, fournisseurs, etc.), soutenir un projet local permet :

  • de renforcer ses relations avec les acteurs locaux (collectivités, agriculteurs, coopératives…),

  • de contribuer à l’acceptabilité sociale de son activité,

  • et de jouer un rôle actif dans la résilience de son écosystème local face au changement climatique.

3. Générer des co-bénéfices RSE/ESG directement alignés avec vos objectifs

Un projet local permet de mieux contrôler et valoriser des co-bénéfices environnementaux et sociaux :

  • préservation de la biodiversité,

  • amélioration de la qualité de l’eau,

  • résilience des sols,

  • emploi rural,

  • transition agricole.

Ces impacts s’intègrent facilement dans vos rapports RSE, extra-financiers (CSRD), ou engagements de mission.

4. Renforcer la confiance et la crédibilité de votre stratégie climat

En choisissant un projet local :

  • vous gagnez en transparence,

  • vous limitez le risque de greenwashing,

  • vous montrez que vous ne déléguez pas vos responsabilités climatiques à l’étranger,

  • vous pouvez impliquer vos collaborateurs sur le terrain (visites, ateliers, team-building...).

Cela rend votre engagement plus concret, sincère et cohérent.

5. Valoriser votre engagement dans la communication corporate

Un projet local peut facilement être intégré dans :

  • des supports internes (vidéos, newsletters, rapports annuels),

  • votre marque employeur (fierté d’appartenance, RSE),

  • votre communication externe (investisseurs, clients, partenaires).

Il devient une histoire vraie que vous pouvez raconter, avec des visages, des paysages, et des impacts à suivre dans le temps.

Pourquoi privilégier un projet labellisé ?

Le Label Bas-Carbone, porté par le Ministère de la Transition Écologique, garantit :

  • La mesure rigoureuse du carbone stocké ou évité

  • Le caractère additionnel des actions (sans le financement, le projet n’aurait pas existé)

  • Une traçabilité et une transparence des crédits carbone générés

Comment identifier un projet de qualité sur son territoire ?

Vous pouvez choisir parmi plusieurs filières reconnues :

  • Agriculture (grandes cultures, haies, prairies permanentes)

  • Forêt (reforestation, gestion durable)

  • Méthanisation ou changement de pratiques agricoles

  • Additionnalité

  • Permanence du stockage

  • Co-bénéfices sociaux et environnementaux

Étapes pour financer ou co‑développer un projet local

  1. Identifier un développeur de projet (ex : Sysfarm)

  2. Choisir une modalité de financement : pré-achat de crédits, co-développement, contrat pluriannuel

  3. Comprendre le calendrier : la génération de crédits prend souvent 2 à 5 ans

Exemples concrets de projets labellisés en France

Un projet agricole dans les grandes cultures permet de financer :

  • Réduction du travail du sol

  • Allongement des rotations

  • Implantation de couverts végétaux
    Ce type de projet stocke du carbone dans le sol tout en renforçant la résilience des agriculteurs face au changement climatique.



Des bénéfices environnementaux et sociaux bien au-delà du carbone

Bien conçus, les projets de compensation carbone ne se limitent pas à neutraliser des tonnes de CO₂. Ils offrent des co-bénéfices précieux pour l’environnement, la société et les entreprises. Ces externalités positives renforcent considérablement leur intérêt, notamment dans une logique RSE ou d’engagement de mission.

Régénération des sols : un socle pour la résilience agricole

Dans le cas des projets agricoles (ex. grandes cultures ou élevage), les pratiques soutenues visent souvent :

  • la réduction du travail du sol,

  • l’allongement des rotations,

  • l’implantation de couverts végétaux,

  • l’augmentation de la matière organique.

Résultat : les sols deviennent plus vivants, plus fertiles, et mieux à même de retenir l’eau, stocker du carbone durablement, et résister aux aléas climatiques.

C’est un investissement dans la sécurité alimentaire à long terme, qui bénéficie à l’agriculteur comme à la collectivité.

Amélioration de la qualité de l’eau

En limitant le recours aux intrants chimiques (azote de synthèse, pesticides), les projets agricoles bas carbone réduisent :

  • le lessivage des nitrates vers les nappes phréatiques,

  • le ruissellement polluant vers les cours d’eau,

  • les phénomènes d’eutrophisation (algues vertes, etc.).

Ils favorisent aussi la capacité d’infiltration des sols, ce qui diminue le risque d’érosion et de crues.
Des bénéfices mesurables pour les biodiversités aquatiques, les ressources en eau potable, et la résilience hydrologique locale.

Création de corridors écologiques et préservation de la biodiversité

Les projets labellisés favorisent souvent :

  • la plantation de haies ou d’arbres isolés,

  • la restauration de prairies permanentes,

  • la diversification des espèces cultivées.

Ces actions soutiennent la biodiversité fonctionnelle, notamment :

  • les pollinisateurs, indispensables à l’agriculture,

  • les auxiliaires de culture, qui régulent les ravageurs,

  • les oiseaux et petits mammifères, dont les habitats sont renforcés.

Cela contribue à la reconstitution de trames vertes et bleues, en ligne avec les stratégies nationales pour la biodiversité.

Un levier de transition pour les territoires ruraux

La compensation carbone locale devient un mécanisme de financement de la transition agricole :

  • Les agriculteurs reçoivent un complément de revenu pour mettre en place des pratiques agroécologiques.

  • Ce soutien sécurise les changements de pratiques, souvent coûteux à court terme mais bénéfiques à long terme.

💡 En moyenne, un projet agricole Label Bas-Carbone permet de générer entre 30 et 100 € par hectare et par an pour l’agriculteur selon les pratiques mises en place.

De plus, ces projets génèrent ou maintiennent des emplois locaux, dans les exploitations, les coopératives, les bureaux d’études ou les filières bois-énergie.
Des emplois non délocalisables, alignés avec les ambitions territoriales et les politiques publiques.

Valorisation de l’engagement dans la communication corporate

Les projets locaux sont de formidables leviers de communication sincère et impactante :

  • En interne : ils renforcent la fierté d’appartenance, et facilitent l’implication des équipes (ex : visite sur le terrain, team-building bas carbone, comités RSE).

  • En externe : ils structurent un récit crédible et illustré, qui peut être utilisé dans :


    • les rapports RSE ou CSRD,

    • le rapport annuel ou de durabilité,

    • les campagnes de marque employeur ou LinkedIn.

Exemple : une vidéo d’un agriculteur partenaire expliquant les bénéfices de la transition financée par l’entreprise vaut bien plus qu’un rapport PDF de 40 pages.

Mesurer et objectiver les impacts non-carbone

Il ne suffit pas d’affirmer les co-bénéfices. Il faut les objectiver, les mesurer, et les documenter.

  • Définir des indicateurs de suivi :


    • biodiversité (abondance d'espèces, flore spontanée, nombre de haies)

    • qualité de l’eau (nitrates, phosphates)

    • emploi (nombre d’emplois créés/maintenus, heures de formation)

  • Mettre en place un système de MRV (Monitoring, Reporting, Verification) élargi, capable de suivre les co-bénéfices dans la durée.

  • Utiliser des approches de valeur des services écosystémiques : une méthode émergente pour quantifier l’apport des projets à l’ensemble du vivant (eau, sol, climat, biodiversité, paysage…).

Cette démarche permet de rassurer les parties prenantes et de transformer un projet carbone en actif RSE tangible.

Conclusion – Passer à l’action : comment Sysfarm accompagne les entreprises SBTi

Vous avez défini une trajectoire SBTi ? Il est temps de la consolider avec un accompagnement rigoureux à chaque étape.

Diagnostic SBTi et définition des émissions résiduelles

Nous vous aidons à quantifier précisément ce qui peut – et ne peut pas – être compensé.

Sélection et mise en relation avec des projets labellisés

Nous identifions pour vous les projets locaux les plus pertinents, en fonction de vos objectifs, de votre secteur, et de votre territoire.

Suivi, mesure et valorisation des co-bénéfices

Vous bénéficiez d’un reporting clair, intégrable dans vos rapports CSRD ou ESG.

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